Comment auto-réguler son entraînement quand on est blessé ou malade ?

Ce qui fait la différence entre un sportif lambda et un grand sportif réside, selon moi, dans la capacité de ces derniers de s’entraîner contre vent et marée peu importe les conditions ! Pour certains ce sera d’aller s’entraîner en étant fatigué, pour d’autres ce sera de continuer à s’entraîner malgré l’inconfort ou simplement de ne pas laisser qui que ce soit se mettre en travers de leur entraînement. 

L’inconfort ressenti sera souvent juste la seconde de moins sur un 200m, la minute de moins sur un 10km, le kilo de plus sur la barre ou cet entraînement supplémentaire sur la semaine. Mais parfois ce sera cet entraînement réalisé alors que l’athlète est au plus bas, fatigué, blessé ou encore malade. Si nous ne pouvons être qu’admiratif devant tant de volonté est-ce réellement productif et sans danger ?

Il y a une dizaine d’années, les médecins, kinés et autres professionnels de la santé prescrivaient du repos et le moins de mouvement possible afin de récupérer. Mais aujourd’hui, tout cela a bien changé ! En effet, on n’hésite plus à mobiliser précocement les patients sortant à peine d’opération, à faire bouger les blessés et à se servir du sport pour lutter contre certaines pathologies comme la dépression[1]. Si une personne âgée peut se lever le lendemain d’une prothèse totale de hanche, pourquoi ne pourrais-tu pas t’entraîner avec un rhume ?

Les deux cas de figures qui vont nous intéresser ici vont être de se retrouver face à une blessure ou à une maladie. Nous allons découvrir comment adapter le programme d’entraînement pour faire face aux différents défis et particularités que peuvent présenter ces situations !

Est-ce une bonne idée de s’entraîner blessé ?

La première chose qu’il faut comprendre est que cela va dépendre de la blessure : il va être compliqué de continuer à courir avec une fracture du tibia ! Mais il est tout à fait possible de continuer à s’entrainer avec une élongation, une entorse ou même une déchirure. Commencer par voir un kinésithérapeute et un médecin spécialisés du sport semble être la meilleure chose à faire. Il conviendra de voir ensemble ce que tu es capable de continuer à faire et ce que tu es incapable de faire. Cette double indentification permet d’adapter en conséquence le programme d’entraînement. Si un rugbyman est incapable de courir à la suite d’une déchirure des ischios-jambiers, il ne lui est pas interdit de travailler la force du tronc et des membres supérieurs !

Connaître ses incapacités aide à savoir comment orienter les objectifs à moyen et long terme. Un athlète s’étant déchiré le tendon rotulien et ayant été opéré voudra commencer par récupérer quelques degrés d’amplitude en flexion (objectif à court terme) du genou et ensuite récupérer une amplitude complète (objectif à long terme = pour la fin du traitement).

Une blessure n’est pas une fatalité en soi mais une opportunité de travailler et d’entraîner une autre partie du corps et si cette partie est un frein à la performance (comprendre par là un point faible), ce ne sera pas du temps perdu. Garder une attitude positive et être motivé à traverser cette épreuve est le meilleur moyen d’être rapidement sur pied !

Les détails sont importants !

Si d’expérience, il y a bien une question à laquelle beaucoup de personne ont du mal à répondre précisément c’est la suivante : Comment vous êtes-vous blessé ? De manière générale, il est souvent possible que l’on ne puisse pas expliquer le mouvement durant lequel la personne s’est blessée mais rarement le mécanisme lésionnel en lui-même. Pouvoir expliquer les circonstances exactes de la blessure permet d’orienter le diagnostic et le traitement de manière plus précise et plus rapidement. Ce qui peut faire gagner du temps.

Identifier le mécanisme qui aboutit à la lésion peut également permettre d’identifier la cause et un bon traitement fera en sorte que cela ne se produise plus. Pour illustrer ceci, voici une petite vidéo.

Une petite vidéo retraçant mon évolution après avoir suivi les principes évoqués dans cet article.

Durant le premier clip, tu peux me voir début septembre 2018 lors de ma première compétition de Strongman : De Sterkste Man van Breda. Sur cet essai en deadlift à 221kg, je sens une douleur vive me parcourir l’arrière de la jambe droite. M’étant déjà blessé dans cette zone deux ans auparavant, je crains une récidive de déchirure. Je me rends compte que la douleur est plutôt de type irradiant et qu’elle se propage de la fesse jusqu’à quelques centimètres au-dessus et à l’arrière du genou. Je termine toutefois la compétition et termine à 3ème place. C’est le lendemain qui s’avère critique : un petit slump test et une douleur soulagée en extension, je suspecte une hernie discale. L’irradiation dure une petite semaine mais dès le lundi j’ai déjà recommencé à bouger et à m’entrainer. Je me rends compte que je suis incapable de soulever 140kg en soulevé de terre. Je me suis blessé durant un deadlift et le mécanisme lésionnel est celui d’une flexion lombaire excessive. Ce qui augmente considérablement le stress sur les disques intervertébraux et le risque d’herniation.

Ayant connaissance du mécanisme lésionnel, je commence par travailler autour de la douleur et de faire ce dont je suis capable. Je réintroduis progressivement du soulevé de terre avec la consigne de les réaliser avec une technique parfaite. J’en profite pour renforcer les muscles supportant ma pauvre colonne vertébrale. J’utilise des Good Mornings et des extensions lombaires et surtout des deadlifts dos ronds pour renforcer mes muscles paravertébraux. J’utilise le mécanisme lésionnel pour éviter de me blesser la prochaine fois que je réalise cette erreur ou ce mouvement. Comme préconisé il y a déjà bien longtemps dans mon article sur le travail dos rond (https://smartandstrong270241888.wordpress.com/2018/04/19/la-flexion-lombaire-et-le-travail-dos-rond-doivent-ils-etre-evites/). Résultat ? En février 2019, je réalise un soulevé de terre à 220kg mais avec une technique bien meilleure et un bas du dos parfaitement droit !

Ce n’est pas pour autant que le travail est terminé ! Je continue de travailler sur ma technique et d’autres erreurs apparaissent et je travaille bien évidemment dessus. Je renforce toujours la musculature de ma région lombaire et lorsque sont arrivés les championnats nationaux de Powerlifting cette année, j’ai pu tirer sur ces 252,5kg. Si la technique est loin d’être parfaite, cette fois-ci je ne me suis pas blessé ! Je n’ai d’ailleurs rien senti dans le bas du dos, rien que les ischios et les quadriceps…

Tout cela pour dire que connaitre le mécanisme lésionnel d’une blessure permet de traiter et renforcer les structures impliquées afin que cela ne se reproduise plus !

Comment bien le faire ?

Si la phase de rééducation va grandement dépendre du kiné, elle sera peu spécifique au sport pratiqué dans un premier temps et se réorientera progressivement vers un retour à une activité normale. Le sportif pourra graduellement reprendre les entraînements. Un très bon moyen de réguler l’intensité de l’effort et donc éviter de trop vite vouloir retourner au niveau de performance pré-blessure est d’utiliser une échelle de RPE !

La principale erreur à éviter va être que les athlètes vont vouloir retrouver précocement leur meilleur niveau de performance et vont pousser l’intensité au-delà de ce que le corps va être capable de supporter. Cela va résulter en aggravation temporaire de la blessure et l’athlète récupèrera le temps que ça aille mieux avant de reproduire la même erreur. Il va se balader entre des phases de repos forcé et de blessures. Il ne faut pas avoir peur de ne pas renvoyer les athlètes trop vite en compétition et de les garder un peu plus en réhabilitation ou réathlétisation. Un bon moyen de les monitorer, et mon moyen préféré de monitorer n’importe quel sportive ou sportive va être d’incorporer des RPE. Cela facilitera la gestion de l’entraînement et évitera que l’athlète ne tombe dans le cercle vicieux évoqué quelques lignes plus haut !

Cet acronyme voulant dire Rating scale of Perceived Exertion mérite son propre article et j’y viendrai prochainement pour te l’expliquer plus en détails mais je vais te donner les premiers éléments qui vont te permettre de t’en servir !

Cette échelle de perception de l’effort est l’outil le plus utilisé pour mesurer la perception de l’effort[2]. Ses usages vont de la réhabilitation cardio-pulmonaire à l’entraînement en Basketball en passant par l’entraînement de force[3]. L’idée va être de donner un nombre à l’effort que l’on vient de réaliser en fonction de l’intensité. Certaines échelles, dont l’originale mise en place par Gunnar Borg, vont jusque 20 tandis que d’autres ne vont que jusque 10, ces dernières sont plus courantes car plus facile d’utilisation. 20 et 10 représentent respectivement un effort maximal et ne pouvant pas être poursuivi ou maintenu tandis qu’une cotation de 10 ou 5 nous place face à un effort modéré.

Lorsque l’on souhaite progresser ou s’améliorer, le stimulus auquel on veut soumettre le corps doit avoir une charge allostatique assez grande que pour induire une réponse de l’organisme (l’allostasie[4]) sans toutefois être trop importante que pour demander un temps bien trop considérable à l’organisme pour s’en remettre. Voilà pourquoi il faut éviter de répéter des efforts d’intensité maximale trop fréquemment.

C’est à ce moment-là que rentre en jeu ces échelles de perception de l’effort !

L’échelle de Borg : la table RPE originale mais pas toujours facile à utiliser.

Comme tu peux le voir, l’échelle de Borg (sur 20) n’apporte pas beaucoup de plus-value face à sa contrepartie sur 10, qui est plus facile d’utilisation. C’est donc sur cette dernière que je vais me baser pour les explications suivantes.

Une échelle plus facile d’utilisation.

Il faut trouver le juste milieu entre suffisamment de stress que pour induire une adaptation de l’organisme et pas trop de stress. C’est pourquoi une intensité inférieure à 5 ne présente que très peu d’intérêt. Tandis qu’être trop souvent à 9 et au-delà ne permet pas de récupérer correctement et augmente trop la fatigue.

Mais comment s’en servir lorsque l’on souhaite revenir de blessure ? Plusieurs personnes (notamment Clinical Athlete ou The Sports Physio) se sont penchées sur la question et il en est ressorti ce qui suit.

1-4 peu d’intérêt car pas de changement dans la perception de la douleur, pas de changement dans les capacités, pas de changement du sommeil et comme le stress n’est pas assez important que pour éliciter une adaptation physiologique tu vas finir par te sentir plus faible !

9 et au-delà ont également peu d’intérêt. Tu observeras une majoration de la douleur, une réduction de tes capacités et des troubles du sommeil. Le stress est trop important et tu ne récupères pas assez : tu te sentiras fatigué…

Le sweet spot se situe donc entre 5 et 8 ! Tu pourras observer une majoration temporaire de la douleur, une amélioration des capacités, un sommeil de meilleure qualité et surtout tu commenceras à te sentir plus fort ! La magnitude du stimulus est parfaite !

Alors si au début utiliser les RPE peut sembler compliqué, cela s’apprend très vite et même des débutants ou des personnes peu habituées obtiennent de très bons résultats. Cependant, comme tout entraînement, pour qu’il y ait des progrès, il faut qu’il y ait un phénomène de surcharge progressive. Donc si la première semaine, tu dois faire un effort à un RPE 5, la semaine/séance suivante tu veilleras à augmenter le RPE (donc se diriger vers un 6) ou alors viser le même RPE mais à une charge d’entraînement plus élevée. Courir un 400m en 1s de moins par exemple tout en n’ayant pas l’impression que l’effort soit plus difficile.

L’intérêt principal que prodiguent les RPE va que le sportif va avoir la possibilité de s’autoréguler. Si le concept d’utilisation est compris et respecté, la personne adaptera la charge d’entraînement en fonction de son état de forme. Être en forme pourra présenter l’opportunité d’augmenter légèrement cette charge et à contrario, être fatigué la fera diminuer. C’est ici que bien connaître la personne supervisée se révèlera essentiel. Si cette dernière ne respecte le RPE prescrit, le stimulus pourrait ne pas être trop suffisant et donc n’apporter aucune adaptation ou être trop important et ne pas laisser l’occasion au corps de récupérer. La gestion de la fatigue va donc être une priorité.

Fatigue et douleur, deux alliés de choix

Cela m’évoque justement une anecdote lorsque j’ai suivi un traitement de kiné pour une déchirure au biceps fémoral droit il y a presque 3 ans. J’avais deux à trois séances de kinésithérapie par semaine durant lesquelles, l’accent était mis sur du renforcement excentrique et j’en faisais pendant près d’une heure. Je n’avais que deux séances par semaine mais couplé à mes entraînements d’haltérophilie et aux séances de musculation obligatoire dans mon cursus, il se trouve que mes ischios n’avaient pas le temps de récupérer. À tel point que lorsqu’il m’a été demandé de réaliser un exercice excentrique pour les ischios lors d’un cours, je me suis refait mal… Il aura fallu que je termine le traitement kiné et que je m’implémente des exercices moins éprouvants à mon régime d’entraînement pour enfin récupérer et voir une amélioration significative dans le fonctionnement de ma chaîne postérieure.  Si tu as bien suivi, tu as vite compris que dans mon traitement, il n’y avait pas de place pour l’autorégulation et donc pas d’adaptation de la charge de travail en fonction de mon état de fatigue ou en tous cas, pas assez. Personne ne sait mieux qu’un ou une patiente comment il se sent et s’il doit pousser aujourd’hui ou plutôt la jouer calme et le rôle du thérapeute est de l’écouter et de réguler le traitement en fonction. C’est un travail d’équipe : le soigné doit être proactif et le soigneur à l’écoute.

Un autre rôle du soigneur va être de rassurer le patient. Et si ce n’est pas le cas, tu peux toujours te diriger vers cet article. Il se trouve que la guérison est un processus non linéaire variant d’une personne à l’autre et qui peut être long. Il est parfois difficile de garder un bon état d’esprit après de longues semaines sans un retour à son niveau précédent. Le seul progrès envisageable est le retour à la compétition. Pourtant, il suffit de regarder d’où l’on vient pour se rendre compte des multiples améliorations faites. J’imagine que l’on t’a déjà bassiné les oreilles avec ce refrain si tu as été dans cette situation mais je vais t’expliquer que le progrès peut revêtir de nombreuses formes !

Très souvent lorsque nous sommes blessés, la douleur est le signal qui nous indique de ne pas trop en faire et lorsque l’intensité de ce signal diminue, c’est un signe d’amélioration et nous commençons à retrouver une activité plus normale. Seulement, comme je viens de le dire, la guérison n’est un processus linéaire et il faut parfois attendre longtemps avant de voir une diminution notable de la douleur. Il faut donc trouver d’autres moyens de quantifier ou qualifier l’amélioration ! Alors la douleur pourra toujours être le facteur étudié et j’aime beaucoup jouer dessus, sans toutefois rentrer dans des délires sadomasochistes ! Voici à quoi tu pourrais faire face comme situation :

  1. Pas de diminution de la douleur mais vous êtes capable d’en faire plus sans ressentir de majoration de la douleur. Il y a progrès !
  2. Légère majoration de la douleur lorsque vous en faites plus mais retour à la normale après l’effort. Tu peux donc progresser même si c’est lentement. Il y a progrès !
  3. L’apparition de la douleur se fait plus tardivement lors d’une activité physique. Tu peux en faire plus sans avoir mal. Il y a progrès !

Écouter sa douleur est un très bon moyen de se voir progresser de séance en séance et au cours des semaines. Comme pour l’entraînement, il peut être judicieux de garder une trace de son état algique (ou douloureux si vous préférez) afin de voir la tendance du traitement. Une augmentation serait signe d’une thérapie trop intensive ou peu adaptée ou une stagnation de longue durée indiquerait que le traitement n’est plus adapté. Une remise en question ainsi qu’une refonte devrait alors être envisagées par le thérapeute. À l’inverse, une stagnation temporaire peut être un signe d’amélioration et une diminution de la douleur est typiquement le résultat recherché !

La douleur est rarement un problème et devrait un allié de choix durant le traitement et le chemin vers la guérison.
S’entraîner malade ?

S’entraîner lorsqu’on est malade est à peu près similaire à ce qui a été dit plus haut excepté si tu es contagieux(se) ! Tu ne voudrais pas refiler ta gastro à un ou une de tes camarades n’est-ce pas ? Ou même contaminer toute la salle avec tes germes ?  

Comme lorsque tu es blessé, tu veilleras donc à ne t’entraîner de manière trop intensive ! Le corps luttera déjà contre une infection (virale, bactérienne ou même fongique, ne sait-on jamais) et une réaction inflammatoire se déclenchera. Cette réaction est physiologique et permet la guérison. Seulement, l’activité physique crée également de l’inflammation et plus l’effort sera intensif, plus cette inflammation sera importante. Rajouter trop d’inflammation peut avoir des effets contre-productifs sur le processus de guérison. Ce qu’il faut éviter. Cet effet inflammatoire post-effort intensif peut être observé par une augmentation de la concentration en cytokines[5] et en cortisol de l’organisme et va résulter en une immunosuppression. Ce qui n’aidera pas à te remettre au plus vite, tu l’auras bien compris ! Il faut donc veiller à avoir une activité physique modérée et être à l’écoute de son corps !

Certains médecins préconisent de ne pas s’entraîner si les symptômes vont plus bas que la gorge comme par exemple des maux d’estomac ou des douleurs musculaires des suite d’un état grippal. Ce n’est dans l’absolu pas une mauvaise idée mais encore une fois cela dépendra de ton état général et de ta capacité à t’auto-réguler.

De manière pratique, tu auras pu remarquer que lorsque tu as le nez congestionné des suites d’un gros rhume et que tu pratiques une activité physique (quelle que soit sa nature), tes voies aériennes supérieures se dégagent naturellement afin de t’aider à respirer normalement. Ce phénomène est rendu possible grâce au boost immunitaire faisant suite à un exercice d’intensité modéré[6]. Preuve que l’activité physique permet de se sentir mieux.

En plus d’aider à lutter contre la maladie, un effort modéré limite le risque d’infection supplémentaire.

Un autre fait notable est que le stress induit par des efforts intensifs répétés aide les sportifs à avoir un système immunitaire plus performant[7],[8],[9] . Ce qui aide dans la lutte contre les infections, améliore certains biomarqueurs sanguins aidant dans la lutte contre les cancers[10] et aide à être en meilleure santé de manière générale !

Seulement, lorsque tu t’entraîneras, tu feras attention de ne pas induire une fatigue trop importante. L’énergie de ton organisme va déjà être dirigée vers l’agent pathogène ou la cause de ta maladie. Ne te fatigue pas de manière excessive au point de ne pas laisser l’occasion au corps de guérir. Commencer par prendre l’air ou promener le chien est un bon moyen de réintégrer progressivement un effort d’intensité faible. Au fur et à mesure que tu te sentiras mieux tu pourras, toujours progressivement, intégrer des efforts d’intensité modérée ou importante.

Mais attention…

Si tu lis cet article, je sais de source sûre que tu es quelqu’un de consciencieux ou du moins tu tâches de le devenir. C’est pourquoi j’espère que tu ne serviras pas d’une blessure ou d’une petite maladie comme excuse pour ne pas t’entraîner.

Finalement, sur une durée relativement courte, il y a peu de différence entre un entraînement ininterrompu et un entraînement discontinu.

Il a été démontré qu’il y avait peu de différences en termes de gain de masse musculaire entre un entraînement continu et un entraînement entrecoupé de périodes d’arrêt[11],[12]. Cependant, la logique aurait tendance à nous dire que sur un laps de temps bien plus important que 6 mois, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur ton développement athlétique.

Une bonne manière de voir si tu te trouves une excuse ou non est de d’aller faire comme si tu allais t’entraîner, à condition de ne pas être contagieux dans le cas où tu serais malade. Tu commenceras par un effort modéré que tu considéreras comme un petit test. Si tu ne vois pas d’amélioration de la symptomatologie, et en fonction des symptômes, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée de rentrer chez toi.

Mais d’expérience, j’ai pu remarquer que le fait de faire l’effort de se rendre à ton entraînement te fera déjà te sentir mieux. Le plus dur est de prendre la décision d’y aller et non pas de s’entraîner. Fais attention de ne pas tomber dans la paresse même si être oisif à l’occasion ne te fera pas perdre tous tes progrès comme vu plus haut. Cela pourra être bien plus bénéfique que se borner à faire ta séance de sport. Tout est question d’équilibre, d’auto-régulation et de ne pas se mentir !

Vision d’ensemble

Pour avoir une approche holistique, il conviendrait de jeter un œil du côté psychologique et nutritionnel et étant un peu hors de mon domaine de prédilection, je tâcherai d’être bref et de raconter aussi peu de bêtises que possible ! J’évoquerai en premier le rôle de la psyché, ensuite la prise de médicaments avant de parler à proprement-dit de nutrition. 

Un peu plus haut je parlais de la possibilité de travailler sur ses faiblesses durant cette convalescence, et je pense que c’est absolument la chose à faire. D’abord parce que cela te donnera un objectif autre que celui de revenir à la compétition mais qui t’aideras à quand-même y arriver plus vite. Au début, nous avons tendance à progresser assez vite sur nos points faibles car nous n’avons simplement pas mis assez de travail que pour réellement en faire des points forts. Tu pourras ainsi peut-être créer d’autres points forts et si ce n’est pas le cas, tu auras quand-même un point faible de moins. Ton niveau de performance n’en sera que meilleur. De plus cela te permettra de garder ton esprit occupé sur un objectif très facilement mesurable et de progresser. Ce qui aura un effet bénéfique direct sur ta motivation. Tu seras dans de bien meilleures conditions pour être de retour en compétition au plus vite ! De plus, il semblerait que la vision du patient de son affection impacte son état émotionnel et donc son traitement[13]. L’aspect psychologique n’est donc à ne surtout pas négliger !

Nous savons que les blessures et que la plupart des maladies en phase aiguë sont des foyers pour toute sorte de phénomènes inflammatoires. Alors si l’application de glace se révèle être le meilleur anti-inflammatoire, je sais que nombre d’entre nous ne rechignerons pas à avaler l’un ou l’autre anti-inflammatoire ou même des antalgiques (antidouleurs). Si cela part de la pure intention de diminuer la douleur ou l’inconfort des suites d’un état pathologique, cela élimine l’inflammation qui est un processus indispensable vers la guérison et l’adaptation de l’organisme. Il n’est pas donc pas constamment conseillé d’en consommer ou du moins pas durant les 48 premières heures suivant la lésion. Cela a pour effet d’altérer la réponse inflammatoire de l’organisme et d’entraver la régénération cellulaire et donc les adaptations[14]. De surcroît, une prise prolongée de AINS peut avoir des conséquences sur l’appareil gastro-intestinal, entraînant des blessures et même des ulcères [15] ! Pour toutes ces raisons, il vaut mieux ne pas les gober comme des bonbons à la menthe. L’autre information pouvant être altérée est la douleur. Comme évoqué plus haut, la douleur est une information essentielle pour quantifier l’amélioration ou la détérioration de notre général mais aussi un moyen de s’auto-réguler et de ne pas aller trop loin lors d’un effort physique. Si toutefois, il s’avère que tu dois quand-même te médiquer, veille à ne pas trop pousser l’intensité de l’exercice puisque la réponse algique est altérée. Si tu dépasses la capacité de ton corps à gérer le stress induit par cet exercice, la récupération sera plus longue. Ce que tu veux bien-sûr éviter !

Quand on parle alimentation, il y a cette vieille boutade qui dit : on devient ce que l’on mange. Alors s’il est bien sûr impossible qu’un être humain se voit transformé en porc après l’ingestion d’une saucisse, il y a quand-même une bonne part de vrai dans cette plaisanterie au goût parfois douteux. Il est maintenant établi qu’avoir une alimentation riche en produits transformés est un facteur d’inflammation[16] et que cet état inflammatoire chronique est lié à l’apparition de pathologies auto-immune et de cancers[17]. Il faudrait éviter les aliments riches en sucres (complexes et simples) raffinés, en acides gras saturés et trans et également les aliments pauvres en anti-oxydants. Favoriser les aliments complets et le moins transformés possible semble être le moyen le plus simple d’y parvenir. L’idée derrière une alimentation visant à limiter les phénomènes inflammatoires est de limiter l’inflammation générale de l’organisme. Et par la même occasion de favoriser le retour à une fonction normale. Tu veilleras à également manger suffisamment et pas trop peu. La nourriture va t’apporter les calories dont tu auras besoin pour avoir l’énergie de remonter en selle au plus vite. Pense à accompagner tes repas de protéines en suffisance. Car je le rappelle, les protéines sont les constituants principaux des muscles !

Je n’ai pas pris la peine d’évoquer l’importance du repos car cela me semble trivial. J’espère que tu comprends bien l’intérêt de se reposer suffisamment et correctement. Tu as maintenant une vision plus globale de ce que tu peux faire pour aider à te remettre plus vite sur pieds !

Que retenir ?

S’il y a bien une chose que tu dois retenir c’est celle-ci : auto-régulation ! Le reste découle de ce concept et tu as toutes les cartes en main pour être maître de ton retour à une fonction aussi bonne si pas meilleure qu’à l’origine !

Fais bien attention à la façon dont tu t’es blessé : c’est un détail qui a son importance pour établir le diagnostic, le traitement ainsi que d’orienter les entraînements à venir là-dessus.

Écoute ton corps : pousse-le quand il en est capable et ménage-le quand c’est nécessaire !

Ne néglige pas l’aspect psychologique et nutritionnel de ta remise sur pied ! Si l’esprit va mal, le corps ira mal… Tu dois t’assurer d’avoir l’énergie et les constituants essentiels pour que ton corps puisse revenir à une fonction normale plus rapidement !

Le plus simple, tu l’auras deviné, c’est de ne pas se blesser et de ne pas tomber malade !


[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24923346

[2] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S187706571200098X

[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5673663/

[4] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4166604/

[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10893431

[6] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2803113/

[7] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19571591

[8] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24798553 ,

[9] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21446353

[10] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21461921/

[11] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23053130

[12] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26595206

[13] https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.3109/09638281003596857

[14] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30102811

[15] https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0885392402006292

[16] http://www.onlinejacc.org/content/48/4/677.abstract

[17] http://ar.iiarjournals.org/content/32/4/1119.short

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