D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours aimé et pratiquer du sport. Il m’a été donné de rencontrer de très nombreuses personnes, personnes parfois très douées et parfois un peu moins. Si c’est toujours un plaisir de voir des sportives et sportifs de tous horizons, de tous niveaux, se dépasser et progresser, il est plus difficile d’assister à l’arrêt prématuré de leur carrière sportive. Mais qu’est-il possible de faire pour favoriser l’adhérence et éviter d’en arriver là ?
Dans les lignes suivantes, je vais partager quelques suggestions qui devraient te permettre de ne pas, en premier lieu, arrêter le sport !
Choisir le bon sport/la bonne activité physique
Commençons avec la solution la plus évidente : choisir le bon sport en premier lieu ! Je pense qu’en plus d’être l’action la plus facile à réaliser, c’est également la plus compliquée… Une certaine activité peut sembler être la bonne mais après un certain temps passé à la pratiquer, l’ennui ou la lassitude peut s’installer, ce qui compromettra quelque peu ta volonté de poursuivre.
Trouver cette activité peut prendre du temps : ne t’attends donc pas forcément à la trouver d’emblée. En arrêtant l’équitation, je me suis essayé aux arts martiaux chinois avant de découvrir le Crossfit. Malheureusement, cela ne me suffisait pas et je me suis mis grossièrement à soulever des poids de mon côté. J’essaye ensuite l’athlétisme. Tout cela en de trois ans. En rentrant à l’université, je découvre l’haltérophilie. Il m’aura fallu près de 4 ans avant de trouver le sport qui me correspondait.

Bien évidemment, il m’arrive à certains moments de ne pas me sentir à ma place dans ce sport. Il m’arrive d’être frustré ou démotivé. Je peux me blesser. Je peux être si fatigué que je ne veux pas m’entraîner. Je me questionne donc sur mon choix : et si ce n’était pas le bon sport ? Mais pour être honnête, c’est tout à fait normal ! J’estime que se poser cette question c’est y répondre : c’est une activité qui compte et si elle compte, tu devrais la pratiquer.
Il est toutefois possible que tu n’aies pas encore trouvé cette activité qui te fasse vibrer. Peut-être que tu as quelques pistes mais tu ne sais pas comment savoir, identifier si ce sport est le bon. Et à moins de les tester pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois, cela va être difficile de se prononcer avec certitude. Je peux cependant tenter de t’aider en partageant les questions que je me pose lorsque je souhaite me mettre à pratiquer une activité de façon sérieuse.
- Est-ce que pratiquer cette activité me procure du plaisir ou de l’amusement ?
- Ais-je les moyens (financiers, temporels, spatiaux) de pratiquer cette activité dans le temps ?
- Ais-je une perspective de progression et d’amélioration tant objective que subjective dans ce sport ?
- Puis-je trouver un club ou une salle d’entraînement ou pratiquer cette activité dans les environs ?
- Y a-t-il un ou des coaches réputé(s) qui pourrai(en)t me prendre sous sa(/leur) tutelle ?
- Est-ce que je me vois encore pratiquer ce sport dans un an ? Dans 5 ans ? Et dans 10 ans ?
Si tu as une réponse à chacune de ses questions, il me semble que tu auras une idée très précise de si c’est la bonne activité pour toi, ou a contrario si ça ne l’est pas.
Ne pas se limiter à une seule activité sportive
Encore aujourd’hui, il m’arrive de ne pas me limiter à l’haltérophilie ! Je pratique également du Strongman et du Powerlifting de manière compétitive et d’autres sports de façon récréative.
Je suis plus qu’heureux d’aller courir de temps à autre, de participer à un match de Mini-Foot ou encore pratiquer un peu d’escalade de blocks. De cette manière, je ne me sens pas piégé dans ma pratique et « changer d’air » de temps en temps me permet de continuer à m’entraîner avec la même envie au quotidien.

Cela permet également, si ton entourage ne partage pas le même engouement pour ton activité, de ne pas s’isoler. Il est plus simple de passer du temps avec ses amis, sa famille autour d’activités qui fédèrent l’ensemble de la bande.
Par ailleurs, j’ai l’intime conviction qu’un sportif excellant non pas dans un seul sport mais dans plusieurs fera un bien meilleur athlète. Il développera d’autres qualités que celles nécessaires dans son activité ce qui est un atout pour la longévité dans un sport et la résilience face aux blessures. Cela représente un avantage certain mais ne devrait cependant pas être la raison principale pour laquelle tu pratiques une activité supplémentaire.
Se trouver un coach compétent, compréhensif et à l’écoute de tes besoins
De tous les conseils que je peux te donner, je pense que c’est le plus difficile à mettre en œuvre ! Parce que oui, trouver ce genre de coach n’est pas chose facile !
Avant même de pouvoir trouver un coach qui correspond à ces critères, il faut être capable de le reconnaître ! Et à quoi reconnaît-on un coach compétent ?
Dans mon cas, je cherche trois qualités essentielles (et je te recommande de chercher après les mêmes) :
- Une éducation formelle dans le milieu du sport
- Une expérience en tant qu’athlète et avoir tenté d’atteindre les plus hauts niveaux compétitifs
- Des résultats concluants avec d’autres coachés sous sa supervision
Par éducation formelle, j’entends que cette personne a suivi une formation académique. Ce n’est pas forcément un gage de qualité mais cela permet de s’assurer que le coach ait une base de connaissance suffisante dans des domaines comme l’anatomie, la physiologie et la biologie pour comprendre et expliquer les mécanismes et processus qui régissent l’entraînement. Une formation académique n’est cependant pas indispensable et certains coaches en arrivent à acquérir ces connaissances sans passer par la case études supérieures. Dans certains cas, des brevets ou certifications seront en possession de ces coaches et sont un plus, bien qu’elles ne soient nullement un gage de qualité.
Pour le second point, je n’exige pas que le coach ait participé à des championnats prestigieux mais seulement qu’il ait au moins tenté d’atteindre son potentiel maximum ou qu’il soit toujours en train d’essayer de l’atteindre.
Enfin, ce coach devrait avoir une certaine expérience dans le coaching et avoir prouvé sa compétence en aidant ses coachés à atteindre leurs objectifs.
Il est difficile de retrouver ces trois qualités chez un coach et si tu hésites à en engager un ou à passer sous son égide, si deux de ces qualités sont présentes, tu es probablement déjà en présence d’un coach présentant un certain niveau de compétence.
L’aspect compréhensif est selon moi l’aspect qui est le plus sous-coté dans le panel de compétences d’un coach. Celui-ci devrait être sincèrement intéressé par tes objectifs, par ton mode de vie et par ta vision. Cela permet de construire une relation basée sur la confiance et sur la compréhension. De cette façon, tu t’assures que vous puissiez travailler ensemble dans la meilleure direction pour toi !
Finalement, ce coach doit, en plus de pouvoir comprendre ta vision, pouvoir être à l’écoute de tes besoins ! Chaque athlète sportif, en fonction de son historique, de ses qualités tant physiques que psychiques et de sa vie personnelle attend que le sport lui apporte différentes choses. Ainsi, les besoins peuvent varier et un bon coach devrait être en mesure de les identifier et être suffisamment à l’écoute pour que l’athlète lui en parle.
Il se trouve qu’une des raisons pour laquelle j’ai arrêté le sprint est que je n’étais pas bon lors des démarrages. Malheureusement, mon entraîneur de l’époque n’a jamais passé beaucoup de temps pour me faire travailler sur cette faiblesse et voyant que cela limitait en partie mes progrès, cela a contribué à me faire stopper. Il serait dommage que tu décides d’en faire autant simplement parce que tu n’es pas encadré par le bon coach…
Avoir un partenaire d’entraînement
Si les sports collectifs sont souvent l’occasion de partager de beaux moments de camaraderies, les sports individuels peuvent parfois se révéler bien *roulements de tambour* solitaires. Un bon moyen de solutionner ce petit problème est de te trouver un partenaire d’entraînement. Ce partenaire pourra t’aider à rester motivé et à te sortir de chez toi pour venir t’entraîner. Ce ou cette partenaire fera office de conscience !
Un autre avantage de s’entraîner avec quelqu’un est que c’est une situation propice au dépassement : l’esprit de compétition ressurgit souvent et l’envie de se lancer des défis est présente. Tant que cela se fait dans un climat bon enfant !
Faire en sorte que ce soit la première chose que tu fasses de la journée
Lorsqu’on essaye de développer de nouvelles habitudes, cela demande énormément de volonté et donc de ressources psychologiques. Cela peut s’avérer fatiguant et même angoissant. La volonté est comme un muscle : il faut l’entraîner pour l’améliorer et malheureusement elle fatigue à force d’être sollicitée. Vouloir s’entraîner en fin de journée peut donc sembler être aussi difficile que d’escalader le Mont Everest…
Une solution envisageable pour réduire la demande de volonté peut être de commencer la journée par cette activité ! C’est en te levant que tu es le plus disposé à faire des choix difficiles et c’est en te levant que tu es le moins fatigué ! Il s’agit du meilleur moment pour te mettre à faire du sport si tu as des difficultés pour t’y mettre plus tard dans la journée.
En fonction de ta pratique sportive dans un club ou non, cela peut se révéler impossible ou très difficile à mettre en place. Dans ce cas, un autre moyen de te mettre dans les meilleures conditions pour t’y mettre est de limiter le nombre de choix que tu pourrais effectuer afin de ne pas épuiser cette réserve de volonté ! Si tes journées de travail sont fatigantes ou stressantes, fais-en sorte que ton activité se trouve à proximité de ton lieu de travail ou sur le chemin de retour.
Définir des objectifs
Un moyen de créer de l’adhérence facilement et presque sans effort est de se trouver un objectif à atteindre !
Cet objectif ne devra pas être trop simple à atteindre pour te permettre de persévérer. Pour en apprendre plus sur comment définir ses objectifs, je peux t’inviter à visionner la vidéo que j’ai faite sur le sujet !
Trouver son « Pourquoi »
Simon Synek recommande de “Start with a WHY !” et je ne peux pas être plus d’accord avec son conseil !
Pose-toi les questions suivantes : Pourquoi ce sport et pas un autre ? Quelle est la raison principale qui me donne l’envie de me mettre à pratiquer ce sport ? Qu’est-ce que je retrouve dans cette activité ? On pourrait même résumer ces interrogations sous l’injonction suivante : Quelles sont les motivations qui m’amènent à pratiquer ce sport ?
J’ai remarqué que, bien souvent, les individus qui perdent l’envie de s’entraîner ne savent tout simplement pas pourquoi ils devraient continuer. Et s’ils ne savent pas pourquoi continuer, c’est parce qu’ils ne savent pas pourquoi ils ont commencé en premier lieu. Je pense qu’avoir en tête ce « Pourquoi » est une motivation très puissante qui peut nous aider à surmonter les obstacles !
Ce « Pourquoi » peut être lié à tes objectifs mais il ne devrait pas se baser uniquement dessus ! Si cette affirmation peut sembler contre-intuitive, je vais m’expliquer. La plupart du temps, les objectifs sont basés sur une issue et nous basons notre réussite ou notre bonheur sur le fait d’arriver à cette issue. Dans le cas où nous n’y arrivons pas, nous perdons souvent notre motivation et/ou l’envie de continuer à pratiquer ce sport. Baser son pourquoi sur ces objectifs et donc une issue n’est pas une stratégie adéquate : cela reviendrait à mettre tous ses œufs dans le même panier et si ce panier souffre d’un défaut, tous les œufs se retrouveront au sol, dans une belle omelette !
Pour te donner des exemples plus pratiques je vais me baser sur ma pratique personnelle, notamment en ce qui concerne le Powerlifting et l’haltérophilie ! Si mes objectifs dans chacun des ces sports à l’heure actuelle sont d’améliorer mes performances et de remporter certains titres, je veux aussi en arriver à parfaire ma technique et à faire avancer ces sports en tant que coach.
Quant à mon « Pourquoi », je peux dire que je pratique ces sports pour les qualités physiques qu’ils requièrent : la puissance (la force et la vitesse donc), la précision technique et une certaine dose de courage. Je trouve également que certains des mouvements pratiqués sont une belle analogie de la vie en elle-même. Le Squat, par exemple, où une charge placée sur mon dos tente de m’empêcher de me relever peut être assimilée aux obstacles que je rencontrerai dans ma vie et la question est de savoir si j’ai la fortitude pour me battre et ne pas laisser cette charge m’écraser. J’aime choisir ces sports parce qu’ils se déroulent dans des environnements fermés où tout est sous contrôle. Ma performance ne dépend donc que de moi, que ce soit mes réussites ou mes échecs. C’est un moyen de prendre l’entière responsabilité pour ce que je suis sur le point d’accomplir ou non ! Je trouve qu’il y a également une certaine forme de pureté dans la binarité de ces sports : soit je suis capable de soulever la charge soit je ne le suis pas ! Je suis soit assez fort, soit trop faible ! Il y a de la beauté dans cette dichotomie et cela me pousse sans cesse à repousser mes limites !

J’espère que ces quelques lignes pourront t’aider toi aussi à trouver ton « Pourquoi » ! Sache que ce « Pourquoi » peut évoluer au cours du temps, changer, se raffiner et c’est une très bonne chose. Cela prouve que ta perception murit et s’affine et cela devrait aussi être ton cas. Pas d’inquiétude si tu n’arrives pas à une réponse aussi élaborée, cela viendra en son temps !
S’accrocher assez longtemps
Une fois que tu auras suivi tous ces conseils, le dernier que je peux te donner est de t’accrocher ! Il y aura des temps plus difficiles durant lesquels tu n’auras plus envie de t’entraîner et c’est normal ! Il suffira de laisser le temps faire son office ! De se forcer suffisamment dans un premier temps pour en faire une habitude.
Si l’inspiration et la motivation sont purement passagers et durent rarement plus de quelques jours, la discipline de continuer va permettre de créer des habitudes. Et si tu parviens à maintenir assez longtemps ces habitudes, il est probable que tu aies développé une passion pour ce que tu fais ! Et je peux t’assurer que lorsque la passion est présente, la vraie Passion, il très peu probable que tu t’arrêtes !
N’oublie pas de te laisser le temps ! De nouvelles habitudes ne se développent pas en quelques jours ou même quelques semaines : il faut souvent plusieurs mois pour que ce soit le cas ! Il semblerait qu’une moyenne de 84 jours soit nécessaire (Lally, van Jaarsveld, Potts, & Wardle, 2009) pour la plupart des gens. Cette période d’automatisation peut même requérir jusqu’à 254 jours… Il semblerait donc que gérer ses attentes et s’accrocher pour une période comprise entre 2,76 et 8,35 mois soit une des solutions pour t’aider à faire de ta pratique sportive une habitude.
Que retenir ?
Il existe de nombreux moyens de t’aider à rendre la pratique d’un sport plus durable ! Parmi ces stratégies, je recommande les suivantes :
- Choisir le bon sport/la bonne activité physique
- Ne pas se limiter à une seule activité sportive
- Se trouver un coach compétent, compréhensif et à l’écoute de tes besoins
- Avoir un partenaire d’entraînement
- Faire en sorte que ce soit la première chose que tu fasses de la journée
- Définir des objectifs
- Trouver son « Pourquoi »
- S’accrocher assez longtemps
Il se trouve qu’il n’est pas forcément possible de recourir à toutes ces tactiques à la fois et je ne pense pas que tu devrais essayer. Essaye de les intégrer progressivement quand tu sens que tu commences à perdre pied, à te lasser ou à te démotiver de ta pratique. En attendant, surtout n’oublie pas de t’amuser et de prendre du plaisir !
Bibliographie
Lally, P., van Jaarsveld, C. H., Potts, H. W., & Wardle, J. (2009). How are habits formed: Modelling habit formation in the real world . European Journal of Social Psychology. doi:10.1002/ejsp.674

